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1882-2012
De Candamo, ses Belges, les frères Duchamps, et ses Américains, les frères
Thorndike, de grands peintres. Cet alliage parfaitement unique, René Crabos, ca-
pitaine du Racing au début des années 20, le résume ainsi : « Avant, pendant et
après le match, le Racing, c’est ferveur, bravoure et fraternité. » Des fondamen-
taux que le Racingman Pierre Conquet élargira au jeu cinquante ans plus tard.
Cette dimension architecturale du Racing s’appuiera d’ailleurs sur plusieurs gé-
nérations de joueurs-architectes, à commencer par Louis Faure-Dujarric, un des
bâtisseurs du stade de Colombes, finaliste du championnat 1893. Cette année-
là d’ailleurs, le Racing apporte une première pierre à la maison France. En effet,
les Racingmen fournissent, avec le Stade, le noyau dur de la première équipe
de France officieuse en tournée en Angleterre. Deux courtes défaites qui se
transformeront en deux victoires lors des jeux Olympiques de 1900. Huit des
champions olympiques sont des Racingmen, et, en prime, ils brillent dans le
tournoi de tir à la corde ! Cette année-là, année faste, le club Ciel et Blanc, qui
a surmonté la crise interne qui avait débouché en 1895 sur la naissance de
l’Olympique, est champion de France pour la seconde fois. Sa victime : le Stade
bordelais université club (37-3, trois essais de Cyril Rutherford). Il le mate en-
core en 1902 (6-0), mais la province a mis le nez à la fenêtre et ne la lâchera
plus. Le Racing en fera les frais en 1912, où son équipe pourtant constellée
d’internationaux devant (Guillemin, Monniot, Decamps) et derrière (Géo André,
Burgun, Lane et Failliot) s’incline devant l’invincible machine rouge du Stade
toulousain (8-6). Le Racing subira le même sort en 1920, mais devant l’ours
tarbais (8-3). Là encore, son équipe est fabuleuse avec Lerou et Thierry devant,
Bousquet à la mêlée, et surtout les plus grandes lignes arrières de tous les temps,
avec Chilo en numéro quinze et André, Crabos, Borde, Jauréguy, en trois-quarts.
C’est le temps des rugbymen-athlètes, champions de France et internationaux
sur 400 mètres, 400 mètres haies, ou lancer du poids. Heureusement, les Ra-
cingmen oublient les déboires en Ciel et Blanc sous le maillot de l’équipe de
France : ils sont cinq (Lane, Levée, Muhr, Branlat, Dedeyn) lors du premier match
officiel contre les All Blacks le 1
er
janvier 1906 (défaite 38-8), et encore cinq lors
de la première victoire internationale (16-15) aux dépens de l’Ecosse le 2 jan-
vier 1911. L’exploit a lieu à Colombes, sur le terrain du Racing, et les Racing-
men sont décisifs car Decamps transforme deux essais et Failliot en marque
deux, sauvant en prime la France in extremis.
Cette contribution décisive pour le pays, on la retrouve au front lors de la Grande
Guerre, où les internationaux Decamps, Lane, Guillemin, Gaspar De Candamo ou
Legrain tombent. Burgun tombe quant à lui en combat aérien, amorçant la tradi-
tion des ailes au Racing. Géo André, Pelletier d’Oisy et Pierre Gaudermen, eux
aussi chevaliers de la cinquième arme, en réchappent. Meurtri par la guerre, le Ra-
cing devra sa résurrection à l’Ecole militaire de Joinville qui draine à Paris les
sportifs préparant les jeux Interalliés de 1919, puis les jeux Olympiques d’Anvers
et Paris. C’est ici que surgit la reine des lignes de trois-quarts : René Crabos,
François Borde, Adolphe Jauréguy. Malchanceuse en championnat, elle permet
à l’équipe de France de remporter sa première victoire en déplacement. L’exploit
a lieu en Irlande le 3 avril 1920 (7-15) et Jauréguy marque deux des cinq essais
français. Adolphe rejoint le Stade toulousain en 1921, mais ce sont encore les
Frantz Reichel, né en 1871 et décédé en 1932, était un sportif aux nombreux talents :
rugbyman au Scuf et au Racing, champion de boxe, athlète, escrimeur et même gymnaste.
Journaliste notamment au
Figaro,
à
L’Auto-Vélo,
et au
Sport Illustré,
il fut un des pionniers
du rugby et un grand défenseur du développement du sport en France.
René Crabos, né en 1899 et disparu en 1964, était un trois-quarts centre excellent meneur
d’hommes, grand stratège et éminent théoricien du jeu. Il fut capitaine du Racing et forma
aux côtés de François Borde et Adolphe Jauréguy un trio légendaire jusqu’en équipe
de France, dont il fut plus tard le manager. Il fut aussi président de la FFR de 1952 à 1962.