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1882-2012
lignes arrières du Racing qui jouent un rôle essentiel dans la victoire de l’équipe
de France en Ecosse (0-3). Jean Lobies, un danseur, remplace Jauréguy, aux
côtés de Crabos et Borde. Après les militaires Louis Béguet et Marcel Piquiral
aux jeux de 1924, c’est Marcel de Laborderie et l’ouvreur-perforeur Yves du Ma-
noir qui seront les dépositaires de l’étincelle du Racing sous le maillot tricolore.
Appliqué, impressionnant de conviction, le Polytechnicien du Manoir ne suffira
pas à redresser l’équipe de France et s’écrasera au sol en passant son deuxième
brevet d’aviateur militaire le jour de France-Ecosse 1928. Il avait 23 ans et huit
sélections. Pour perpétuer son souvenir, on donne son nom au stade de Co-
lombes, à un prestigieux challenge, et Jean Puyforcat cisèle sa statue.
Puis le Racing traverse les années de rupture avec les Britanniques pour cause
de violence et d’amateurisme marron en donnant toujours des internationaux : les
arrières Louis Pellissier, Pierre Geschwind, Pierre Guelorguet, Géo Gérald (dix-
sept sélections) et les avants Louis Dupont et Louis Dorot.
Les tailles sombres de la Seconde Guerre mondiale (Muhr, Piquiral, Géo André
tombé à 53 ans, les armes à la main) contribueront à resserrer encore les rangs et
à amorcer une nouvelle résurrection au début des années 50. Ce coup-ci, le mira-
cle viendra encore des lignes arrières avec les internationaux André Alvarez, Gérard
Dufau, Pierre Dizabo, Francis Desclaux, Alain Porthault, Fernand Cazenave ou Michel
Vannier, voire de l’avant-aile Jean-Claude Bourrier. Ils sont ingénieurs ou ingénieux,
professeurs d’EPS ou VRP, et se retrouvent en finale en 1950. Trente ans après, ils
échouent encore face à la province, à Castres (11-8). En 1956, un jeune anonyme
intègre le club sous la houlette de Dufau; Jean-Michel Cazes, qui côtoie depuis les
grands d’un autre monde, lui-même devenu, entre autres, propriétaire-gestionnaire
du domaine de Lynch-Bages, vin de réputation mondiale. En 1957, les Racingmen
montent encore d’un cran, en s’inclinant de justesse face à Lourdes (16-13), l’équipe
de l’heure. Les Joinvillais sont remplacés par des élèves et professeurs de l’école de
formation de l’EDF. La grande année sera 1959: après avoir sorti Lourdes en demie,
ils battent le Stade montois, également favori. Il y a treize provinciaux sur les quinze
champions, à commencer par le capitaine François Moncla, Michel Crauste ou Mi-
chel Debet. Il faudra un nouveau bond de trente ans pour que le Racing, qui dans
l’intervalle a donné aux Bleus des Claude Laborde, Michel Taffary, Jean-François
Gourdon ou Patrick Mesny, ne connaisse dans les années 80 l’électrochoc Jean-
Pierre Rives pour rêver à nouveau des sommets. La brèche élargie par Robert Pa-
paremborde s’ouvre alors pour Jean-Baptiste Lafond et Patrick Serrière. Derrière,
Michel Tachdjian, Laurent Cabannes, Jean-Pierre Genet, Gérald Martinez ou Franck
Mesnel vont s’y engouffrer, nouvelle finale en 1987 et surtout cinquième titre
en 1990. Un vent de fraîcheur souffle sur l’Ovalie, c’est la révolution des nœuds pa-
pillons roses. Eric Blanc, Laurent Bénézech ou Philippe Guillard complètent la
joyeuse troupe qui après prolongations domine le Sporting Union Agenais de Phi-
lippe Sella, et du président Albert Ferrasse, arbitre de la finale de 1959. Après un
passage jubilatoire par la case Eden Park, celle des joueurs devenus rois de l’équi-
pement sportif grand public, il faudra entrer dans le monde du rugby professionnel.
Un nouveau challenge qui ne devrait pas effrayer le Racing qui en a déjà vu de toutes
les couleurs avec ses peintres, docteurs, artilleurs, chimistes, ingénieurs, roman-
ciers, journalistes, profs ou arbitres. La maison restera bleu Ciel et Blanc.
Allan Muhr, américain né en 1882, fut un joueur du Scuf, du Stade français et du Racing.
Il joua le premier match officiel du XV de France en 1906 face aux All Blacks, et fut, entre
autres, président des sélectionneurs des Bleus de 1911 à 1919, capitaine de l’équipe de France
de tennis en Coupe Davis et président de la FFR. Il mourut déporté par les Nazis en 1944.
En 1900, une rencontre opposant le Racing Club de France au Stade français.
Lors de la finale du championnat de France 1912, le Racing Club de France
est battu 8 à 6 par le Stade toulousain.